En 2022, le secteur bancaire est resté stable malgré un contexte marqué les tensions géo-politiques et le contexte économique incertain, selon l’Association des Banques et Banquiers, Luxembourg (ABBL) qui présentait son bilan ce jeudi.

« Le secteur bancaire a su résister à ces tensions négatives », a déclaré Guy Hoffmann, Chairman de l’ABBL. En prononçant ces mots jeudi après-midi devant la presse, il fait référence à la guerre en Ukraine ainsi qu’aux difficultés actuellement traversées par l’économie luxembourgeoise. Pour lui, c’est certain, « les banques restent des partenaires fiables ». Si un léger fléchissement de 1,63 % de la somme des bilans a été observé, les bénéfices des établissements financiers sont en hausse de 2 % par rapport à 2021. Cette augmentation s’explique par la hausse de 39 % des revenus sur intérêt.

Les récentes hausses des taux directeurs décidées par la Banque centrale européenne (BCE) ont eu des conséquences directes sur l’inflation. Comme le rappelle Guy Hoffmann, «les banques n’ont pas d’influence sur les taux des marchés internationaux. Elles répercutent les décisions de la banque centrale ». D’ailleurs, ces derniers se trouvent à «une moyenne historique ».

Si les comptes de certains établissements ont réussi à se rééquilibrer grâce à la hausse des revenus, « cette manne devrait se tarir », prévient le Chairman du patronat bancaire. La montée des taux et le contexte géopolitique et économique compliqué n’incite pas vraiment ni les ménages ni les entreprises à investir. En outre, les banques ont dû se constituer un matelas plus épais pour couvrir le risque accru de défauts de crédits. De ce fait, les provisions étaient en augmentation de plus de 400 %. Mieux vaut prévenir que guérir.

Attirer les talents, un enjeu majeur

Adopter une prudence de sioux vis-à -vis de l’incertitude de l’avenir est une bonne chose. Les responsables de l’ABBL n’entrevoient pas d’effondrement du secteur immobilier luxembourgeois, bien qu’il soit très fragile en ce moment, ni une crise du crédit. De plus, les défauts de paiement calculés à 1,6 % à la fin décembre 2022 restent bien en deçà de la moyenne européenne calculée à 2,3 %.

Les banques « ont les reins solides », dixit Guy Hoffmann. D’accord. Mais, leur nombre continue de baisser. Elles sont passées de 124 en 2021 à 121 l’année d’après. On est bien loin de la grande époque avant 2008 où la Place comptait beaucoup plus d’acteurs. Entamé il y a une dizaine d’années, le phénomène de concentration devrait se poursuivre. Il va s’en dire que cela peut appeler à l’annonce de plans sociaux dans les mois à venir. La baisse de rentabilité des banques européennes n’est pas étrangère à ce phénomène. La conformité aux règles européennes, les investissements liés à la transformation digitale et durable puis l’augmentation des frais généraux ont un coût certain.

Malgré la réduction du nombre d’établissements, le chiffre de l’emploi reste stable avec 26.012 employés. La question de l’attraction et la rétention des salariés préoccupe évidemment le secteur. C’est un défi majeur pour, à la fois la bonne santé des banques et leur croissance.

De son côté, le CEO de l’ABBL Jerry Grbic a souligné le fait que « les banques veulent faire des crédits » et ne veulent pas mettre leurs clients en état de stress. Justement, l’activité crédit était soutenue l’an dernier, avec 775 milliards d’euros accordés. Le chiffre est en très légère baisse (-2,27%) par rapport à 2021 soit 793 milliards d’euros. Les particuliers ont plutôt privilégié les comptes à termes « car les taux ont augmenté », a-t-il dit. Ces derniers ont enregistré une croissance de 66 % avec un total de 83 milliards d’euros contre 50 milliards lors de l’exercice précédent.