Pour la première fois, le Grand-Duché a récemment participé à une enquête sur le niveau de culture financière de ses résidents. Le résultat n’est pas fameux. Si le niveau global des connaissances financières est élevé, c’est au niveau des comportements financiers que le bât blesse, surtout chez les jeunes. Afin d’y remédier, l’introduction de l’éducation financière dans l’enseignement et secondaire est plus que nécessaire, selon l’ABBL.
La Fondation de l’ABBL pour l’éducation financière et la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) ont organisé vendredi une conférence dédiée aux défis de l’éducation financière au XXIe siècle. A cette occasion, les résultats d’une étude sur les connaissances, les comportements et les attitudes des résidents luxembourgeois en matière de finances ont été présentées. De cette enquête basée sur la méthodologie de l’OCDE réalisée par l’institut de sondage ILRES en décembre 2022 auprès de 1017 personnes âgées en 18 et 79 ans, il en ressort plusieurs éléments. Premièrement, le niveau global des connaissances financières des résidents est plutôt élevé (70%) et se situe au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE sondés en 2020 (66%). Avec une note de 70/100, le pays se place à la 5e position (sur 27), tout de même loin derrière le premier Hong-Kong avec un score avoisinant les 90.
Deuxièmement, le score des moins de 30 ans est beaucoup plus bas : 54 %. Ainsi, le Luxembourg se classe à la 21e position sur 26 pays. A propos des comportements financiers, le score est en dessous de la moyenne de l’OCDE de 2020 (61%), le plus mauvais étant attribué aux plus jeunes. Les attitudes financières se situent aussi en dessous de la moyenne de l’OCDE (55%). Les moins de 30 ans ont obtenu un score de 48 %, se retrouvant de ce fait à l’avant-dernière place du classement (25 sur 26), en comparaison avec les pays sondés en 2020.
Enfin, en matière de culture digitale, le score global est « interpellant » : 54 % et 47 % pour les jeunes. Les scores globaux peuvent s’expliquer par un contexte économique propice à « une certaine désinvolture » lorsqu’il est question de la gestion du budget.
L’argent ne tombe pas du ciel
La Fondation ABBL a mené un autre sondage au début de cette année. Cette fois-ci, il concerne les 14-20 ans. Le but étant d’analyser les comportements des jeunes par rapport à l’argent, leur niveau de connaissances en matière de services et produit financiers. Leurs attentes en matière d’éducation financière ont également été mesurées. Verdict : 87,6 % des sondés estiment que ce type d’éducation devrait être enseignée à l’école. Lors d’une table ronde, le directeur général de la CSSF Claude Marx a raconté que les 10-11 ans ont « des notions » d’argent mais pas dans le bon ordre. « Ils se rendent compte que ça ne tombe pas du ciel ». En demandant aux enfants comment on en gagne, certains lui répondent « j’achète des cryptomonnaies et je deviens riche ». Pour lui, cette attitude est «frappante » mais « pas étonnante » car les jeunes regardent des vidéos d’influenceurs. Lorsqu’on approfondit, « ils n’ont aucune notion de risque ».
Avec les messages donnés aux plus jeunes, « il n’y a aucun filtre. On ne sait pas qui les donne ». Pour le patron de la Commission de surveillance, « on devrait faire rentrer un peu d’éducation financière à l’école ». Pour Isabelle Riassetto, professeure à l’Université de Luxembourg, les 15-25 ans prennent pour argent comptant ce que disent les influenceurs car « ils parlent le même langage qu’eux, il y a une certaine connivence ». Elle ajoute que les jeunes doivent apprendre à comprendre les risques dans les investissements.
Si 77 % des 14-20 ans interrogés par l’ABBL ont un compte épargne, généralement ouvert par leurs parents, seuls 36 % versent régulièrement de l’argent sur celui-ci. A noter que 41 % d’entre eux mettent quelques sous de côté pour gérer les imprévus et 18 % investissent de l’argent en plus d’épargner.