Le besoin en main-d’œuvre dans l’Artisanat est estimé à 3.800 personnes, selon une étude récente menée par la Chambre des Métiers et dont les conclusions ont été présentées ce vendredi matin.

Artisans luxembourgeois cherchent salariés désespérément. C’est l’une des conclusions d’une étude sur les besoins de main-d’œuvre et de compétence dans l’Artisanat menée en juin 2022 par la Chambre des Métiers (Cdm). On y apprend que 70 % des entreprises artisanales interrogées indiquent avoir besoin de salariés pour les 12 mois à venir. Près de 3.800 personnes sont nécessaires. Un chiffre en hausse de 20 % par rapport à l’étude menée en 2019. 43 % des postes recherchés remplaceraient des postes existants tandis que 57 % viseraient à la création de nouveaux postes.

Par rapport aux postes qualifiés, 44 % des salariés recherchés devraient avoir un Diplôme d’Aptitude Professionnelle (DAP), 23 % devraient détenir un Certificat de Capacité Professionnelle (CCP) et 8 % un BAC+3 ou BAC+5. Le besoin de salariés non qualifiés (27 % des postes recherchés au total) témoigne de la pénurie de ressources humaines, surtout au niveau technique. Selon Max Urbany, économiste à la Chambre des Métiers, 91 % des firmes interrogées rencontrent des difficultés à trouver des candidats adéquats. La plus grande d’entre elle étant qu’aucun d’entre eux ne remplit les critères nécessaires pour le poste, notamment en terme de qualification. Les problèmes de mobilité viennent en troisième position. La pénurie de main d’oeuvre qualifiée s’intensifie dans tous les secteurs. Entre 2019 et 2022, l’emploi a augmenté de 15,2 % dans l’Administration et les autres services publiques. Dans la construction, la hausse est de 10,9 %. Par rapport à l’enquête précédente, le nombre de postes a grimpé (3.142 en 2019 à 3.783 en 2022).

Une réforme des conditions d’accès au marché de l’emploi

En guise de solution, la Chambre des Métiers, demande à ce que le Gouvernement suive de plus près les besoins sectoriels en terme de main d’oeuvre et des métiers d’avenir, dans le cadre de sa future « National Skills Strategy », après la publication de la prochaine étude de l’OCDE sur le sujet qui doit intervenir après les congés de Carnaval. L’organe de représentation du secteur souhaite une réforme des conditions d’accès au marché de l’emploi pour les ressortissants de pays tiers avec une abolition du « test marché » et une accélération de la procédure d’immigration dans des régions « cibles ». Comme par exemple les pays de l’Est ou l’Afrique du Nord.

L’inadéquation entre les compétences existantes et requises ont poussé les entreprises à proposer des formations continues à leurs salariés. Plus de la moitié d’entre elles (53 %) l’ont fait. A cause de la crise sanitaires en 2020-2021, le nombre de firmes investissant dans ce domaine était plus limité. L’étude met en avant le fait que les formations sont données en majorité en externe (45%), beaucoup moins en interne (17%) ou alors par une formule mixte (38%). A noter que 81 % des firmes n’ont pas de plan de formation pour leurs collaborateurs. Pour la Chambre des Métiers, la promotion des instruments de formation existants constitue une priorité. Elle pense qu’un travail important de sensibilisation et d’accompagnement individuel, surtout au niveau des petites entreprises reste à faire. Elle se dit contre l’introduction d’un droit généralisé à la formation, voire d’un système de compte formation calqué sur le modèle français très critiqué.

Dans un contexte marqué par le manque de collaborateurs, les entreprises doivent appliquer une stratégie de rétention et de fidélisation des talents. L’objectif de les retenir passe par l’environnement de travail (68%), la rémunération basée sur la performance (48 %) et les avantages extra-légaux (41%). C’est une des solutions pour que les firmes soient pérennes et que le secteur de l’Artisanat puisse continuer à vivre.