Le Statec a révisé ses prévisions d’inflation en intégrant l’impact de l’emballement des prix sur les marchés de l’énergie. Un pic est attendu à près de 9 % pour le début de l’année prochaine.

Les nouvelles prévisions d’inflation tablent sur un taux à 6,6 % en 2022 et en 2023 alors que le Statec penchait sur un 5,3 % dans sa prévisions de début août. Elle devrait atteindre un pic à 8,7 % au mois de janvier 2023. Et cela à cause de « la hausse des prix de l’énergie sur les prix finaux », explique l’institut de la statistique dans un communiqué diffusé la semaine dernière. Le maintien de la stratégie « zéro Covid » du gouvernement chinois continue de perturber les chaînes de production mondiales. En Europe, ces pressions sur les prix ont été renforcées par les sanctions contre la Russie qui a envahi l’Ukraine et la récente dépréciation de l’euro qui rend les importations plus chères.

La décision de Gazprom de fermer pour un temps indéterminé le gazoduc Nord Stream 1 a renforcé les tensions sur le marché du gaz en Europe. « Les contrats échangés au cours du mois d’août anticipent un prix du gaz à 210 euros en moyenne pour 2023 », informe le Statec. En juillet, le prix pour 2023 était de 140 euros. On observe un effet boule de neige sur le marché de l’électricité. En effet, au début de l’année 2022, le prix de l’électricité sur le marche allemand était de 85 euros le Megawattheure. Les futurs contrats pour 2023 s’échangeaient à 560 euros en août contre 350 en juillet.

Comme à son habitude, l’institution de la rue Erasme a dressé trois scenarii. Dans le central, l’inflation resterait à 6,6 % et serait de 4,3 % pour l’inflation sous-jacente. Pour 2023, le taux d’inflation général se maintiendrait à 6,6 % et le sous-jacent serait à 4,9 %. Le prix à la consommation du gaz au Luxembourg croîtrait de 160 % par rapport à l’été 2022. Le Statec continue d’anticiper une hausse de 80 % du prix du gaz en octobre suivie d’une augmentation de 10 % en novembre 2022 et de 30 % en janvier 2023. Les prix de l’électricité, par conséquent, se verraient ajustés. Une tranche indiciaire serait déclenchée à la fin de l’année 2022 tandis que les autres tranches seraient déclenchées au 1er et au 3e trimestre 2023. S’y ajouterait la tranche du mois de juin 2022 qui sera effective en 2023 comme prévu par l’accord tripartite de fin mars.

Un gaz proche du produit de luxe

Le scénario haut prévoit un cours du Brent à la hausse ainsi qu’un « choc de prix » sur le gaz au cours de l’automne-hiver de près de 225 % par rapport à l’été 2022. Ce choc serait suivi par une augmentation de 50 % sur le prix de l’électricité en janvier 2023 par rapport à décembre 2022. Un véritable cauchemar pour les consommateurs.

Le scénario bas prend en compte un cours du baril de Brent à la baisse couplé à une hausse de 100 % du prix du gaz et de 40 % de l’électricité. Le tout dans un contexte où des interventions sur le marché de l’énergie existe et le plan d’urgence de la Commission européenne prévoit une réduction de la consommation de gaz de 15 % jusqu’au printemps prochain. Dans ce scénario, le dépassement de la cote d’échéance n’interviendrait qu’au 4e trimestre 2022 et au 2e trimestre 2023. La réunion tripartite du dimanche 18 septembre permettra de savoir quelles seront les mesures prises par le gouvernement de Xavier Bettel.