Le Statec a publié ce mercredi ses prévisions d’inflation pour 2022 et 2023. Outre les carburants, d’autres facteurs expliquent l’envolée des prix observée actuellement. On vous explique tout.

« Sur les derniers mois, les pressions inflationnistes se sont considérablement renforcées au Luxembourg comme dans les autres économies avancées », affirme le Statec dans le communiqué relatif aux nouvelles prévisions d’inflation. Celui-ci prévoit une hausse générale des prix de 4,4 % en 2022 qui ralentirait à 1,3 % en 2023. La prochaine tranche indiciaire devrait tomber avant cet été. Dans le scénario central, une autre tranche tomberait au premier trimestre 2023 alors qu’elle s’appliquerait « déjà au dernier trimestre de 2022 dans le scénario haut ». En revanche, dans le scénario bas, le mécanisme de l’index ne se déclencherait pas avant 2024.

C’est un secret de polichinelle, les prix de l’énergie n’ont pas cessé de grimper ces dernières semaines. Pour l’institut de la statistique, ils ne sont pas les seuls à « gonfler ». L’« accélération » concerne désormais les services, les biens industriels et l’alimentation. Le contexte dans lequel nous vivons actuellement encore marqué par la pandémie de Covid-19 continue de jouer les troubles-fêtes dans la production mondiale et par conséquent, de limiter l’offre de biens et de services. « Les pressions haussières sur les prix se sont accumulées le long de la chaîne de production et sont aujourd’hui répercutées de manière sensible sur le consommateur final », souligne le Statec. L’envolée des prix de l’énergie renforce encore les coûts de production. « Le desserrement progressif des goulets d’étranglement et l’essoufflement de l’impact haussier de l’énergie devrait réduire les pressions inflationnistes à partir du deuxième semestre 2022 », continue-t-il.

Des salaires négociés à la hausse ?

Avec une inflation sous-jacente prévue aux alentours de 3 % cette année, la question des salaires mérite d’être posée. Une accélération de ces derniers resterait « relativement limitée ». Mais des pénuries croissantes de main d’œuvre pourrait « renforcer le pouvoir de négociation des salariés qui voudrait obtenir une rémunération plus élevée pour maintenir leur pouvoir d’achat à un certain niveau face « au regain d’inflation ». Dans l’hypothèse où les salaires s’emballeraient dans la zone euro, les coûts de production grimperaient davantage, avec, à la clé, « un renforcement plus durable de l’inflation ».

Le prix du gaz en Europe a été « également nourri » ces dernières semaines par « des niveaux de stocks extrêmement faibles » et les tensions actuelles avec la Russie à propos de l’Ukraine. Les marchés futurs indiquent qu’une baisse des prix verrait le jour non pas au printemps de cette année mais en 2023. Une hypothèse à vérifier car on ne sait pas quels seront les développements du conflit entre les deux pays. « Des relèvements successifs du prix du gaz au Luxembourg ont porté la progression à 80 % sur un an en janvier », note le Statec pour lequel cette hausse contribue à un point de pourcent à l’inflation. Si le prix de l’électricité au comptant a été « gonflé » par celui du gaz et le renchérissement des certificats d’émissions, le prix à la consommation a reculé de 3,2 % suite à « un recul de la contribution au mécanisme de compensation. Une hausse s’annonce pourtant pour février et d’autres sont incorporées dans cette prévision », prévient l’institut de la rue Erasme. Une baisse des produits pétroliers de 10 % d’après le scénario central, donnerait un coup de frein à l’inflation qui tomberait à 1,3 %.

Les carburants ne sont pas les seuls à avoir fait grimper les prix au Luxembourg (Photo : pexels)