Marc Lauer, président de l’Association des compagnies d’assurance et de réassurance (ACA) a plaidé jeudi soir, lors de la séance académique hybride de la 9e édition des ACA insurance days, en faveur d’une meilleure réglementation et a formulé des vœux pour le secteur des assurances au Luxembourg.
« Ce que je veux, c’est avoir une réglementation forte, cohérente et efficace ». Marc Lauer, président de l’Association des compagnies d’assurance et de réassurance (ACA) n’y est pas allé de main morte lors de la séance académique de la 9e édition des ACA insurance days, qui s’est déroulée jeudi soir à l’ECCL. Devant plus de 300 professionnels du secteur et certaines personnalités politiques importantes du pays, l’assureur des assureurs, le CEO du groupe Foyer a mis le doigt sur ce qui ne va pas. Avant de citer les principales vagues réglementaires qui ont chamboulé ce pilier de l’économie luxembourgeoise depuis ces 20 dernières années, il s’est positionné en faveur «d’une meilleure réglementation plutôt que d’en avoir toujours plus ».
En prenant l’exemple de la réforme réglementaire européenne Solvabilité II, il dénonce « un assemblage de règles incohérentes entre elles». En effet, à chaque fois qu’un superviseur national rapporte une difficulté à l’instance européenne l’EIOPA, les règles sont « appliquées à tout le monde ». « Ce n’est pas de la smart insurance, martèle-t-il, ça nuit à l’agilité de nos entreprises ».
IDD et PRIIPS sont censées renforcer la protection des consommateurs contractant une assurance. Elles devraient informer les clients. En théorie. Car dans la réalité, ils reçoivent des dizaines de pages à lire aussi « aussi rébarbatives que les conditions générales d’un agent », pointe Marc Lauer. Résultat : peu de gens les lisent. Comble de l’ironie, un résumé devrait s’ajouter aux documents existants. « Ce qui équivaut à réguler plus que réguler mieux », ajoute-t-il.
Sur l’ESG, le président de l’ACA est persuadé que le secteur de l’assurance a un vrai levier « pour influencer l’économie réelle afin qu’elle devienne plus durable et plus verte ». Avec la tornade de juillet 2019 et les inondations de l’été 2021, les agents étaient aux premières loges pour constater que le changement climatique est bien réel.
« Une urgence » sur le secret professionnel
A quelques semaines de Noël, Marc Lauer a formulé quatre vœux. Ils ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd, puisque le ministre des Finances Pierre Gramegna était présent et les a écoutés attentivement. Le premier étant la préservation du marché unique. Grâce à la circulation des services, l’activité transfrontalière est possible. Marc Lauer n’a pas boudé son plaisir. Il a égratigné la Commission européenne qui aiderait « ceux qui veulent mettre des barrières supplémentaires » à un petit pays comme le Luxembourg dont les activités sont jugées suspicieuses. Sans ce marché, « beaucoup d’entreprises n’auraient plus de perspectives de développement ».
Introduit en 1991, le secret professionnel des assurances a été révisé en 2018. Les nouvelles règles ne font pas l’unanimité. Leur texte prévoit l’interdiction de la digitalisation sur le cloud à l’extérieur du Grand-Duché même au sein de l’Union européenne. « Il y a une certaine urgence sur le sujet », appuie le CEO du Groupe Foyer.
Après avoir mentionné le « goldplating » (les couches réglementaires supplémentaires), contre lequel il est opposé, Marc Lauer s’attaque à son quatrième vœux qui lui tient à coeur le « level playing field ». « Dans un championnat, les équipes jouent avec les mêmes règles. En assurance santé complémentaire au Luxembourg, ce n’est pas le cas ». Sans la citer, il évoque la Caisse Médico-Complémentaire Mutualiste (CMCM) qui n’est pas soumise à la réglementation Solvabilité II. Une exception qui, apparemment, ne plaît pas à tout le monde dans le secteur.
Jeudi soir, Marc Lauer, président de l’ACA a fait le point sur les préoccupations du secteur de l’assurance au Luxembourg. (Photo : aca)