Présent au Grand-Duché depuis 1985 via sa banque privée Banque J.Safra Sarasin (Luxembourg), le groupe bancaire distribue aussi depuis peu ses propres fonds durables depuis le pays de Dicks. L’occasion pour quelques uns ses représentants de passage à Luxembourg de parler d’investissement, de la génération « Z » mais aussi d’éducation financière.
Fin février, trois représentants du groupe bancaire d’origine suisse J. Safra Sarasin sont venus présenter à la presse luxembourgeoise leur activité de gestion d’actifs (J. Safra Sarasin Sustainable AM). Cette dernière s’est lancée il y a quelques mois dans la distribution de ses véhicules estampillés « durable » depuis le Grand-Duché. Elle est dirigée par Laurent Misonne qui chapeaute une équipe de cinq personnes pour la distribution au Benelux, France et Nordics.
Ce type d’investissement est « à la mode depuis 2 ans », appuie Martin Fenner, le Head of Wholesale. En réalité, dans le groupe bancaire suisse, cela fait plus de 30 ans que cette thématique est proposée aux clients. L’accident dans la zone industrielle de Schweizerhalle près de Bâle (Suisse) y est pour quelque chose. Le 1er novembre 1986, un entrepôt du groupe chimique Sandoz (aujourd’hui Novartis) prend feu. Les pompiers tentent de limiter les dégâts en arrosant copieusement le site mais le volume d’eau dépasse les capacités du bassin de rétention. Résultat : l’excédent qui contenant un mélange de produits chimique a été déversé dans le Rhin, provoquant une catastrophe écologique. « Nos clients avaient des actions de Sandoz », souligne Martin Fenner. Ce bouleversement a été pour le groupe « un appel à se réveiller », poursuit-il. C’est en 1992 que le premier fonds environnemental baptisé ökosar a été lancé. « Aujourd’hui, il s’agit de notre produit phare avec un milliard de francs suisse d’actifs et nous en sommes très fiers », complète le Head of Wholesale.
Selon lui, à l’époque, certains clients montraient leur scepticisme quant à la véracité de ce produit. Aujourd’hui, elle n’est plus à démontrer. « Durant les 15 premières années, nous avons défendu ce que nous faisons (ndlr : exclure certaines activités). Les 15 dernières années étaient dédiées à la manière dont nous le faisons », complète-t-il.
Pas de la plateforme de distribution propre à la banque
La génération « «Z » (aussi appelé Millenials) est très sensible à l’investissement durable. Elle a sa propre manière de percevoir, de gérer son argent et de choisir où le placer. Oliver Cartade, Head of Asset Management raconte que lors d’un rendez-vous avec les membres d’une même famille lorsque le sujet de l’investissement durable arrive sur la table, le grand-père ne montre aucun intérêt dans ce type de produit alors que son petit-fils veut investir pour la planète ou dans la transition verte. Martin Fenner est formel : les jeunes générations ne veulent pas seulement un retour sur investissement. « Ils souhaitent quelque chose en plus ». C’est-à-dire, par exemple, une stratégie qui a « un objectif environnemental clair », souligne-t-il. D’ailleurs, le groupe a lancé il y a deux ans un produit intitulé « Climate 2035 ». Ou bien, « ils veulent contribuer aux objectifs de développement durable de l’ONU (pas de pauvreté, pour ne citer que celui-là). Une étude menée par le groupe révèle que 86 % des « Millenials » veulent investir dans un produit qui a un impact.
D’après Laurent Misonne, les fonds sont distribués sur des plateformes digitales déjà existantes, un de nos objectifs étant d’augmenter notre présence sur ces platformes.« Notre métier est de développer de bons produits qui peuvent être vendus et distribués en autres sur ces plateformes », ajoute-t-il.
Investir de manière intelligente ne va pas de soi. L’éducation financière, encore taboue de nos jours, est la clé. Pour le managing director de J. Safra Sarasin Sustainable AM, « nous devons aller plus loin si nous voulons éduquer nos client ».Certains ne savent pas à quoi servent les fonds durables. De son côté, Martin Fenner estime que pour l’industrie des fonds, le plus gros défi n’est pas l’éducation mais une meilleure compréhension de l’investissement durable. Quelques fonds du groupe bancaire répondent à l’article 9 de la réglementation SFDR, la majorité sous l’article 8.