A l’occasion de la journée internationale des femmes, le Statec a publié les chiffres de l’année 2021 sur l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes. Si, pour l’institut de la statistique le Luxembourg est le seul membre de l’UE dans lequel l’égalité salariale est atteinte, d’après la Chambre des salariés (CSL), les revenus ne sont qu’une « face de la réalité ».
Les femmes gagnent-elles plus que les hommes ? Selon les derniers chiffres du Statec communiqués ce lundi à l’occasion de la journée internationale des femmes, la réponse est oui. En 2021, l’indicateur de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes (Gender Pay Gap – l’écart entre le salaire moyen des hommes et celui des femmes, exprimé en pourcentage de celui des hommes- GPG) était de -0,2 %. En clair, pour l’ensemble de l’économie, le salaire horaire moyen des femmes était supérieur à celui des hommes. Comme l’écrit l’institut de la statistique, « le Luxembourg est le seul état membre de l’Union européenne dans lequel l’égalité salariale est atteinte ». A hauteur de 10,7 % en faveur des hommes en 2006, le GPG a diminué de manière continue pour atteindre les 5,4 % en 2014 et 1,4 % en 2018. « Il est fort probable que l’écart salarial continue à pencher en faveur des femmes », souligne la publication. Pour 2022, il est d’ores et déjà estimé à -0,4 %.
Selon le Statec, plusieurs éléments contribuent à cette « évolution particulière » du Gender Pay Gap. En effet, la composition « atypique de l’emploi », le niveau d’éducation moyen des femmes supérieur à celui des hommes, la forte présence des femmes dans des branches d’activité à salaire relativement élevés (éducation, santé, finances, par exemple) et le « positionnement favorable des femmes dans les catégories de salaires moyens et supérieurs », donnent ce résultat.
Cependant, cet indicateur européen a des limites. Il ne prend en compte que le salaire horaire. Or, les écarts de salaires annuels (bonus de fin d’année inclus) restent en faveur des hommes. Il compare des salaires moyens et non pas des salaires pour un travail égal. Dans les faits, « le niveau moyen des revenus annuels de l’ensemble des femmes salariées est largement inférieur à celui des hommes » en raison du travail à temps partiel qui est largement supérieur chez les femmes.
Un autre éclairage avec « indice d’égalité du genre »
Dans son dernier Econews, la Chambre des salariés apporte une grande nuance à ces données positives. Pour elle, « ces données sont calculées à partir des salaires dans l’ensemble de l’économie et doivent être interprétées avec précaution ». L’institution souligne que l’indicateur ne compare pas l’écart salarial entre femmes et hommes ayant le même âge, le même diplôme ou encore le même type de contrat. Cet écart salarial non-ajusté « ne reflète donc pas réellement les inégalités salariales » entre les deux genres « et jusqu’à présent aucun indicateur au niveau européen ne peut prétendre de le faire ».
Pourtant, il en existe un. Il s’agit de l’« indice d’égalité du genre » de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE). Il apporte, comme le souligne la CSL, « un autre éclairage ». Variant de 0 à 100, il mesure le niveau d’égalité. 100 représente l’égalité parfaite. Intégrant six domaines fondamentaux (le travail, l’argent, le savoir et le temps, pour ne citer qu’eux), il permet de voir exactement « là où le bas blesse » en matière d’inégalité des genres.
Avec une note de 73,5 points, le Luxembourg occupe la 9e place au sein de l’Union européenne. Il est au-dessus de la moyenne européenne mais se positionne derrière la France (75,1 points) et la Belgique (74,2 points). Point positif, l’indice luxembourgeois est en progression de 1,1 point par rapport à 2019.
Une répartition des tâches ménagères encore inégale
Le savoir et le pouvoir sont les deux domaines où la situation des femmes est la moins enviable par rapport à celle des hommes (68,9 points pour le premier et 59,7 points pour le second). Si au niveau de l’instruction et de la participation à l’éducation formelle ou non formelle, les deux sexes sont « équitablement »représentés (86,1 points), c’est au niveau de la ségrégation (55,2 points) que le score général du domaine du savoir s’effondre. L’auteur de la publication indique qu’une forte présence féminine est observée dans les études liées à l’éducation, la santé, le bien-être, les sciences humaines et les arts. « Ce qui présage de la féminisation importante des professions relatives aux soins ». Un fait qui n’est pas nouveau puisqu’il a déjà été observé par le passé.
Toujours concernant la question du pouvoir, les hommes sont majoritairement présents à tous les niveaux décisionnels « à la seule exception des organismes de financement de la recherche où les femmes sont majoritairement dans les conseils d’administration .
Dernière pierre d’achoppement, la répartition des tâches. Elle est encore inégale. D’après une étude d’Eurostat, plus de la moitié des femmes (51%) ont déclaré s’occuper de leurs enfants âgés entre 0 et 11 ans contre 29 % des hommes. A noter aussi que 63 % des femmes et 24 % des hommes ont dit avoir effectué principalement les tâches ménagères. Sur ce point précis, il y a encore des progrès à faire.