Selon les experts de Quintet Private Bank, les douze prochains mois devraient être marqués par des variations conjoncturelles. Dans son dernier rapport « Conterpoint 2023 » le groupe bancaire du boulevard Royal prévoit un hiver difficile pour l’économie mondiale. Il sera suivi par une légère réaccélération et une inflation à 6,7 %.

Dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et une pénurie d’énergie, la zone euro et le Royaume-Uni seront en récession au cours d’un hiver froid et sombre. Ce ne sont pas des prévisions de météorologues mais de deux spécialistes de l’investissement. A savoir Daniele Antonucci, Chief Economist et Ilario Attasi, Group Head of Investment Advisors chez Quintet Private Bank. Pour eux, la récession menace aux États-Unis mais sera « plus légère ». Dans un même temps, la Chine continuera « lentement mais sûrement » à rouvrir ses portes, après une longue période marquée par une politique « zéro Covid ». Cette ré-ouverture au monde permettra d’éviter une récession à l’échelle mondiale. Bien qu’elle diminue, la forte inflation globale restera « probablement encore supérieure aux objectifs de banque centrale en 2023 et 2024 ».

L’année devrait se diviser en deux parties. « A partir du printemps, les banques centrales cesseront de relever leurs taux d’intérêt, l’inflation diminuera visiblement et un nouveau cycle de croissance mondiale commencera grâce notamment à l’accélération de la croissance chinoise », disent les experts. La reprise tant attendue sera « inégale ». L’Europe et le Royaume-Uni sont à la traîne par rapport aux États-Unis. Les marchés développés de leurs côtés progressent beaucoup plus lentement que les émergents.

En termes de chiffres, qu’est-ce que cela donne ? Une inflation sur l’ensemble de l’année à 6,7 % contre 9 % en 2022 pour l’économie mondiale. D’après Daniele Antonucci, « les prix des actions et des obligations ont chuté simultanément cette année, créant des défis de diversification importants » . Il pense que les marchés obligataires de haute qualité, en particulier les obligations d’État , devraient à nouveau offrir des avantages défensifs, réduisant le risque du portefeuille. Les obligations du Trésor américain semblent « intéressantes » pour 2023.

« La Chine stimulera son économie »

Et pour une seule raison : l’inflation américaine a probablement déjà atteint son pic et les prochaines hausses de taux seront moins importantes que dernièrement – ces hausses de taux devraient même cesser à la fin du premier trimestre ou au début du deuxième trimestre.

« Alors que les perspectives macroéconomiques sont beaucoup moins réjouissantes dans la zone euro et au Royaume-Uni, les spreads des obligations d’État et des obligations investment grade y semblent de plus en plus attrayants à mesure que l’inflation se rapproche de son pic », ajoute-t-il. « Les obligations souveraines en devises fortes des marchés émergents ont souffert en 2022, mais les valorisations sont à désormais attirantes, notamment par rapport au haut rendement américain. »

De son côté, Ilario Attasi considère que 2023 ne sera pas le moment pour les investisseurs de « re-risquer » ou de « dé-risquer » leurs portefeuilles. Selon lui, les investisseurs prudents à long terme observeront attentivement les catalyseurs tels que les changements dans le conflit en Ukraine, les tendances de l’inflation et la Chine, où la politique du zéro-covid et les tensions avec Taïwan continuent de figurer en bonne place sur la liste des risques de 2023. La préférence va vers les actions à dividendes élevés et à faible volatilité. « Bien que cette année ait été l’une des pires pour les actions américaines depuis le milieu des années 1970, les valorisations restent élevées en termes relatifs. Nous pensons néanmoins que c’est un prix qui vaut la peine d’être payé pour une exposition à ce marché spécifique d’actions d’une telle qualité, en particulier lorsque la pression de la récession augmente », affirme-t-il. Il ajoute : «  nous restons convaincus que les actions de la zone euro n’ont pas encore pleinement pris en compte la détérioration des conditions économiques. En comparaison, les valorisations des marchés émergents semblent attrayantes. Nous prévoyons que la Chine rouvrira et stimulera son économie en 2023, soutenant ainsi les marchés émergents, qui bénéficieront d’un coup de pouce supplémentaire grâce à un léger affaiblissement du dollar américain ».

Il estime que le dollar devrait s’affaiblir à mesure que les craintes de récession s’apaisent, que la pression inflationniste diminue et que la Réserve fédérale américaine commence à adopter une attitude plus modérée. « La Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre devraient suivre les traces de la Fed », conclut-il. « La reprise de l’euro et de la livre devrait donc être peu significative. ». Il prévoit également que l’or restera une valeur refuge précieuse en 2023.