D’après Guy Wagner, CIO de Banque de Luxembourg Investments et son équipe, l’inflation aux États-Unis semble entamer sa phase de détente. Une hausse des taux directeurs est également attendu dans cette zone ainsi qu’en Europe.

Est-ce le début d’une récession mondiale ? A priori non. Une chose est certaine, « aux États-Unis, la consommation domestique semble même légèrement ré-accélérer, les ménages continuant à puiser dans leur épargne excédentaire constituée durant la pandémie. Les investissements des entreprises demeurent également robustes grâce au niveau élevé des bénéfices qui ne sont qu’au début d’une phase probable d’affaiblissement », assure Guy Wagner, chief investment officer (CIO) de la société de gestion BLI – Banque de Luxembourg Investments. Son équipe et lui ont sorti en début de semaine leur dernier rapport d’analyse sur les marchés financiers. Pour eux, l’inflation semble entamer sa phase de détente après avoir atteint un pic à 9,1 % au mois de juin. Ce recul a eu des conséquences : le déclenchement d’une détente des rendements à échéance sur les marchés obligataires. Les marchés obligataires de la zone euro ont suivi leurs homologues américains, le taux de référence à 10 ans reculant en Allemagne, en France, en Italie et en Espagne.

Dans la zone euro, « les mesures publiques d’allègement visant à réduire la facture énergétique soutiennent aussi bien la consommation privée que la production industrielle », souligne le CIO. L’inflation a ralenti pour la première fois après 16 mois consécutifs d’augmentation. Entre octobre et novembre, elle est passé de 10,6 à 10 %.

PIB en recul au 3e trimestre au Japon

En Chine, « la faiblesse conjoncturelle se poursuit », prévient Guy Wagner. Une large partie de l’activité économique demeure paralysée par la politique du zéro Covid qui empêche « une amélioration notable, malgré l’introduction d’un large éventail de mesures visant à mettre fin à la faiblesse persistante du secteur immobilier », continue-t-il. Quant au Japon, le PIB du troisième trimestre a reculé de 0,3% en glissement trimestriel, « en grande partie en raison de facteurs techniques contribuant à une hausse ponctuelle des importations ». La plupart des composantes du PIB, comme la consommation domestique, les dépenses d’investissements et les exportations, ont par contre progressé. « En raison du décalage de 12 à 18 mois généralement observé entre un durcissement monétaire et son impact sur l’activité réelle, le ralentissement de la conjoncture mondiale devrait s’accentuer au courant de l’année prochaine », juge l’économiste luxembourgeois.

En 2023, tous les observateurs de la vie économique mondiale scruteront de très près l’évolution des taux directeurs. La Fed et la Banque centrale européenne ont laissé entrevoir une hausse de leur principal taux directeur de 50 points de base de leur prochaine réunion respective qui se tiendra à la mi-décembre. « Un tel mouvement marquerait une réduction de la cadence haussière par rapport aux augmentations de 75 points de base effectuées précédemment des deux côtés de l’Atlantique », affirme le CIO pour qui « la fin du cycle de resserrement des banques centrales ne semble pas encore en vue».