Les charges et les préjugés auxquels sont confrontées les femmes actives se sont intensifiés avec la pandémie de Covid-19. Il en va de même pour leurs contributions aux entreprises et à la société, soutient le gestionnaire d’actifs Robeco dans un texte publié à l’occasion de la journée des droits des Femmes.
Le Covid-19 a mis au jour les difficultés des femmes à gérer avec succès les exigences du travail professionnel et de la vie personnelle. Avant la pandémie, les femmes souffraient déjà des préjugés liés à leur genre sur leur lieu de travail. Le spécialiste international de la gestion d’actifs Robeco évoque, dans l’un de ces récent communiqué, une enquête récente selon laquelle 85 % des hommes et des femmes s’accordaient à dire qu’il était « plus facile pour les hommes d’accéder à des postes de direction de haut niveau que pour des femmes tout aussi qualifiées ».
Aux États-Unis et dans de nombreux pays développés, les femmes représentent la moitié de la main d’œuvre totale. Cependant, elles sont largement sous-représentées dans les postes de direction et d’encadrement. Une étude récente pourtant sur les principales industries américaines révèle que les femmes n’occupaient qu’un quart des postes de direction et 6 % des postes de PDG.
D’après le dernier rapport sur la qualité du travail au Luxembourg de la Chambre des salariés (CSL) pour l’année 2021, « les femmes sont bien plus nombreuses que les hommes à subir de la discrimination en raison de leur genre. Face à une situation de discrimination, un quart des personnes interrogées a réagi en essayant d’attirer l’attention publiquement sur le problème, 15 % ont cherché à obtenir des conseils, et 6 %ont cherché une aide professionnelle ou ont officiellement porté plainte. La discrimination vécue sur le lieu de travail a donc incité une partie de ces personnes à trouver leurs propres solutions pour affronter cette situation ».
La promotion de l’égalité des sexes peut doper le PIB
En plus du coût élevé des préjugés, la pandémie a eu « un effet néfaste » et disproportionné sur les femmes. En effet, au niveau mondial, elles ont subi une perte d’emploi de 5 % contre 3 % pour les hommes. Plus près de nous, en Europe, les pertes de salaires ont été de 8,1 % pour les femmes contre seulement 5,4 % pour les hommes. « Au fil de la pandémie, l’écart entre les niveaux d’épuisement professionnel des femmes et des hommes a doublé », écrit Robeco. Aux États-Unis, si les chiffres du chômage prenaient en compte les près de deux millions de femmes qui ont quitté la population active depuis février 2020, le taux de chômage des femmes aurait été de 6,8 % à la fin du mois de septembre 2021. Le rebond de l’emploi n’a pas suffi à compenser les « pertes de genre sur le long terme ». Les estimations du Forum économique mondial montrent que l’écart entre les sexes s’est creusé « de 36 ans, soit plus d’une génération », remarque la firme d’investissement.
Les avantages d’attirer, de retenir et de promouvoir les femmes sur les marchés du travail sont multiples, d’après Robeco. «Les femmes acquièrent un but et une autonomie pour elles-mêmes, ainsi qu’un revenu et une stabilité pour leurs familles », dit-il. Au niveau macroéconomique, des études montrent que la réduction de l’écart entre les sexes dans la participation à la vie active augmente le PIB national – jusqu’à 80 % dans certains cas. À l’échelle mondiale, McKinsey a prévu que la promotion de l’égalité des sexes pourrait accroître le PIB de 13.000 milliards de dollars d’ici à 2030.
Les entreprises en profitent aussi. Celles qui pratiquent activement la diversité dans leurs politiques et leurs pratiques sont liées à « des niveaux plus faibles de rotation du personnel et à des niveaux plus élevés de satisfaction et d’engagement des employés ». Outre les indicateurs sociaux, les entreprises où les femmes occupent des postes de direction obtiennent de meilleurs indicateurs financiers, notamment des bénéfices plus élevés (EBIT), un meilleur rendement des capitaux propres (ROE) et des cours boursiers plus élevés. Et plus la diversité est omniprésente dans une organisation, plus la relation avec les performances financières est forte.
Des prises de décision plus réfléchies
De plus, les femmes au sommet de la hiérarchie contribuent à « protéger le climat interne de l’entreprise ainsi que l’atmosphère extérieure ». Une étude de McKinsey menée pendant la pandémie a révélé que les femmes cadres se souciaient davantage du bien-être de leurs subordonnés que les hommes cadres du même niveau. Et une analyse de Bloomberg New Energy Finance portant sur plus de 11 700 entreprises a démontré une corrélation positive entre une masse critique de femmes au conseil d’administration et la gouvernance et l’innovation en matière de climat.
Audrey Kaplan, co-gestionnaire de portefeuille du fonds GLI de Robeco assure que « les faits montrent que les femmes apportent plus d’innovation, plus de créativité, des prises de décision plus réfléchies, tous ces éléments se combinant pour améliorer les résultats nets ». Quoi qu’il en soit, le monde a besoin d’entreprises qui combattent les sources de préjugés dans le monde des affaires et qui redoublent d’efforts pour faire face « aux nouvelles forces qui entravent la progression des femmes », soutient Robeco.
A cause de la pandémie, l’écart entre femmes et hommes s’est creusé de 36 ans, soit de plus d’une génération. (Photo : pexels)