En Chine, l’activité économique pourrait repartir plus tard durant l’année, selon David Rees, économiste en chef des marchés émergents chez Schroders.
Les dernières statistiques montrent que la croissance chinoise a ralenti de 4 % en glissement annuel au quatrième trimestre 2021. Elle est en recul par rapport au troisième trimestre où l’on enregistrait un taux de 4,9 %. Un ralentissement des exportations couplé des problèmes persistants dans le secteur de l’immobilier risque de ralentir l’activité à court terme.
Pour David Rees, économiste en chef des marchés émergents chez Schroders, la bonne nouvelle, « c’est que les indicateurs avancés de l’économie semblent avoir un creux », présageant d’une amélioration cyclique de l’activité durant l’été. Une baisse des taux intervenue la deuxième semaine de janvier renforce les mesures de relances mises en place par les autorités. « Cela devrait être bénéfique pour les marchés », souligne-t-il.
Il voit trois raisons de penser que l’activité économique restera « déprimée » à court terme.
- Les exportations de produits manufacturés devraient ralentir. Ils ont été le principal moteur de la croissance pendant la pandémie. Si la croissance des exportations nominales a résisté en décembre à 20,9 % en glissement annuel. Elle est en légère baisse après une croissance de 22 % en glissement annuel en novembre. « Le faible niveau des nouvelles commandes à l’exportation laisse entrevoir une décélération dans les mois à venir », prévient David Rees. Le recul des exportations se traduira, selon lui, par une dépréciation du renminbi « dont le taux de change s’est fortement apprécié » au cours de l’année 2021.
- Les difficultés rencontrées par le secteur immobilier devraient peser pendant un certain temps. Malgré un « léger assouplissement », la politique du gouvernement chinois à l’égard du secteur reste strict. Les ventes de logements neufs, indicateurs de l’activité de construction dans six à neuf mois « ne se stabilisent pas encore de manière convaincante ». « Nous supposons que les ventes se stabiliseront prochainement, voire se redresseront légèrement en cours d’année », dit l’économiste en chef. D’autres difficultés dans le secteur constituent « un risque clairement baissier pour nos anticipations », commente-t-il.
- Les vagues de Covid-19 pourraient provoquer des « perturbations périodiques de l’activité ». La politique de tolérance zéro du gouvernement a donné lieu à des restrictions à Tianjin et la plus grande contagiosité du variant Omicron signifie que « davantage de villes seront très probablement touchées dans un avenir proche ».

Tout n’est pas si sombre. D’après l’économiste en chef des marchés émergents chez Schroders, l’impulsion du crédit qui mesure la croissance du crédit en pourcentage du PIB, et l’indicateur M1, qui représente la valeur des composantes les plus liquides de la masse monétaire, comme la monnaie en circulation et les dépôts à vue, ont progressé en décembre. Ces deux indicateurs devancent l’économie d’environ neuf mois. Ce qui suggère qu’une amélioration cyclique commencera à apparaître à la fin de l’été dans l’hémisphère nord.

« Nous anticipons de nouvelles hausses progressives de ces deux indicateurs avancés au cours des prochains mois, à mesure que les politiques budgétaire et monétaire deviennent plus accommodantes », assure-t-il. La banque centrale chinoise a annoncé à la mi-janvier qu’elle réduisait le taux d’intérêt sur son taux de prise en pension à 7 jours et de sa facilité de prêt à moyen terme à un an de 10 points de base chacun, à 2,1 % et 2,85 % respectivement.
« Notre scénario central suppose une baisse de 20 point de base, ce qui devrait soutenir l’activité, au même titre que la hausse des dépenses publiques. Dans ce contexte, nous prévoyons une reprise modérée de la croissance du PIB, passant d’environ 4,7 % cette année à 5 % en 2023.
Les signes d’un retournement du cycle économique chinois devraient finir par soutenir les marchés financiers onshore et ceux des autres pays émergents. « Toutefois, comme avec l’activité économique, les variations des indicateurs avancés se reflètent historiquement sur les marchés financiers avec du retard, aussi peut-on s’attendre à de nouvelles turbulences », avance David Rees.
L’économie chinoise devrait retrouver sa vigueur dans les prochains mois selon l’économiste en chef de Schroders. (Photo : pexels)