La livre sterling, les obligations souveraines et l’industrie financière britannique souffrent des conséquences du Brexit, d’après Volker Schmidt, Senior Portfolio Manager chez Ethenea.
Début janvier 2021, le Royaume-Uni a définitivement quitté l’Union européenne. Plus de 100 jours après cet « adieu irréversible », les conséquences se sont déjà sentir.
Premier « élement économique » touché, la livre sterling. Au mois de décembre 2020, la monnaie britannique tournait « autour de 1, 10 euro », selon Volker Schmidt, Senior Portfolio Manager chez Ethenea. Aujourd’hui, elle vaut 1,16 euros. Cette évolution à la hausse est « certainement due en partie à la campagne de vaccination beaucoup plus réussie au Royaume-Uni », remarque-t-il. L’incertitude entourant le Brexit a pratiquement disparu. Cela participe au renforcement de la devise. Sa reprise est partie « d’un niveau extrêment bas en des termes historiques », continue-t-il. Elle semble loin des niveaux d’avant Brexit (plus de 1,40 euros).
« A court terme, la force de la livre pourrait certainement encore gagner du terrain », pense le spécialiste d’Ethenea. Cependant, à long terme, il reste à savoir si Londres peut tirer un avantage économique durable de sa souveraineté ostensiblement retrouvé et de son avantage vaccinal.
Une pression de vente sur les obligations britanniques
Les obligations souveraines, connues sous le nom de Gilts ont connu « le pire trimestre depuis des années », affirme Volker Schmidt. D’après lui, la progression de la vaccination, l’amélioration des perspectives économiques et la disparition des incertitudes liées au Brexit exercent une « pression à la hausse sur les rendements ». Auparavant, les investissements se fondaient sur l’hypothèse que la Banque d’Angleterre (BoE) pourrait avoir pourrait avoir besoin de réduire les taux d’intérêt en dessous de zéro pour aider à stimuler l’économie.
La confiance dans les perspectives économiques s’étant renforcées, s’est déclenché une pression de vente sur les obligations britanniques. Selon le spécialiste, cela a mené à « un élargissement du spread entre les Gilts britanniques et les Bunds, car les perspectives en Allemagne et dans l’UE de manière générale sont beaucoup plus sombres ». La BCE a non seulement poursuivi ses achats d’obligations. Elle a annoncé qu’elle les augmenterait pour maintenir les rendements à un bas niveau.
Ethenea s’attend à ce que la vente de la dette britannique se poursuive à court terme et à ce que les obligations souveraines de l’UE sous-performent. A moyen terme, « cette tendance pourrait se stabiliser, notamment lorsque l’Europe rattrapera son retard en matière de vaccination et que la BCE commencera à suivre la stratégie de la FED et de la Banque d’Angleterre en laissant les rendements repartir légèrement à la hausse », dit Volker Schmidt.
La sortie de l’UE coûte cher
L’industrie financière britannique ressent elle aussi les conséquences de la sortie de l’Union européenne. Rapidement, le négoce des actions s’est déplacé vers l’Europe continentale, en particulier vers Amsterdam et Paris, tandis que le négoce des produits dérivés a largement migré vers New York. Le géant du règlement, Euroclear, a récemment achevé le transfert à Bruxelles d’une cinquantaine de titres irlandais d’une valeur équivalente à environ 100 milliards d’euros – ceux-ci étaient auparavant réglés à Londres. Jusqu’à présent, l’Irlande s’appuyait sur la succursale d’Euroclear « Crest », basée au Royaume-Uni, pour régler les transactions sur titres.
Le Royaume-Uni paye cher cette sortie de l’Union européenne. D’après les derniers calculs de la Commission européenne, les dommages causés à l’économie britannique « d’ici à la fin 2022 » sont estimés à plus de 40 milliards de livres sterling.
Volker Schmidt, Senior Portfolio Manager chez Ethenea, estime qu’à moyen terme, l’Union européenne rattrapera son retard et que les questions liées au Brexit redeviendront d’actualité. (Photo : Ethenea)
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