D’après les spécialistes du groupe de gestion d’actifs Schroders, la couleur de la reprise économique est tout aussi importante que sa forme pour les investisseurs.
Pendant la crise du coronavirus, les émissions de CO2 ont chuté de manière spectaculaire. Les émissions de cette année 2020 seront inférieures de près de 9% à celles de 2019, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Les prévisions tablent sur une diminution de 6% des besoins totaux en énergie primaire pour l’année en cours. Cela signifie que le choc causé par le Covid-19 à l’économie mondiale est sept fois plus important que celui de la crise financière.
En cas d’une reprise de l’activité macro-économique, les émissions de CO2 repartiront de plus belle. D’après les spécialistes de Schroders, une reprise brune signifie que l’activité économique reste « fortement dépendante des combustibles fossiles ». Ils se demandant si cette fois-ci on pourrait assister à une relance verte.
Il est évident que la pandémie a profondément affecté les perspectives du marché pétrolier. Pendant la période de confinement, une grande partie de la demande de pétrole n’a pas trouvé preneur à cause d’un secteur des transports à l’arrêt. « Parallèlement à cela, la pression structurelle sur le secteur pétrolier – déjà présente avant l’apparition du coronavirus – devrait persister au-delà de la crise du coronavirus », préviennent les spécialistes de Schroders.
Des ambitions climatiques actualisées
Depuis 2014, les entreprises de combustibles fossiles enregistrent des résultats inférieurs à ceux du S&P500. Le groupe de gestion d’actifs dit s’attendre à ce que cette tendance se poursuive, « compte tenu de la pression à la baisse sur les prix pétroliers, de la baisse de la demande du secteur des voyages et de la transition vers les énergies renouvelables ».
Ces derniers mois, les compagnies pétrolières ont procédé à de diverses réductions de valeur sur leurs réserves de pétrole et de gaz, en partie à cause de la baisse des prix pétroliers. Selon Schroders, « la pression sur les émissions de CO2 n’y est pas non plus étrangère. Si cela se confirme, le cours du pétrole aura beau remonter, une grande partie de ces gisements restera dans le sol ».
Aujourd’hui, les choses ont changé. Les entreprises pétrolières se fixent des objectifs pour réduire leurs émissions de CO2. « cinq grands producteurs (BP, Eni, Repsol, Shell et Total) ont récemment actualisé leurs ambitions climatiques à long terme. Repsol et Total se sont alignés sur Paris tandis que Shell prévoit de réduire l’intensité de ses émissions de 65 % à l’horizon 2050 », informe Schroders.
L’énergie propre, créatrice d’emploi
Ce dernier pense que pour atteindre les objectifs de l’accord sur le climat, 60 % des réserves actuelles de pétrole et de gaz et 80 % des réserves de charbon resteront inutilisées. Il y aura donc des « actifs échoués ». D’après l’AIE, il s’agit d’investissements qui ont déjà été effectués, mais qui cesseront d’être rentables avant leur fin de vie économique.
Les spécialistes de Schroders estiment que « nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs de l’accord sur le climat. Des changements structurels sont nécessaires pour accélérer la transition vers une économie à faibles émissions. »
Une reprise verte est bénéfique pour l’environnement, réduit la pollution et pourrait même s’avérer plus forte qu’une reprise où les émissions de CO2 suivent le rythme de la reprise de l’activité économique. Schroders met en avant dans son communiqué une étude récente qui montre qu’un investissement dans des énergies propres crée trois emplois pour chaque emploi perdu dans le secteur des énergies fossiles.
« L’énergie verte est un secteur relativement jeune, la réduction des émissions de CO2 dans le secteur de l’énergie va de pair avec une forte croissance de la production et de l’installation de technologies durables. Ce contexte permet de soutenir l’emploi à un moment où les gouvernements tentent de faire face à la crise de la Covid-19 », écrit encore le spécialistes de gestion d’actifs.
Ces derniers temps, après une crise économique, on assistait à une reprise basée sur le pétrole. Schroders se demande si cette fois-ci, elle serait verte. (Photo: pexels)