Alors que beaucoup de gestionnaires de fonds parlent d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, Guy Wagner, Chief Investment Officer de Banque de Luxembourg Investments (BLI) ne croit pas en cette idée. Il s’attend à une baisse des taux directeurs de la FED à la fin de cette année voire début de 2024.

A l’occasion d’un déjeuner- conférence qui s’est tenu ce mercredi à l’hôtel le Royal, Guy Wagner, Chief Investment Officer de Banque de Luxembourg Investments (BLI) a partagé une vision « actualisée » de l’état des marchés financiers. « Le marché ne donne pas raison à notre vue des choses », a-t-il affirmé. Au mois de janvier 2023, il tirait cinq grandes conclusions. La première étant que la plupart des indicateurs pointent vers un net ralentissement de la croissance. La seconde prévoyait un recul continu de l’inflation, la troisième s’attendait à la fin progressive du resserrement monétaire des banques centrales tandis que la quatrième affirmait que le ralentissement conjoncturel limiterait la hausse des taux longs. Et enfin, l’environnement n’est pas favorable aux marchés boursiers.

En fin de compte, il en a été autrement. « Les conclusions au niveau des marchés boursiers, dit le CIO, n’ont pas été justes ». Sur les huit premiers mois de l’année, ils sont « clairement en hausse » car les taux longs ont remonté. Lors de sa présentation, il a fait état ce qu’il a appelé « une grande confusion ». Chez les gestionnaires de fonds, il y a « une forte divergence des avis ». Certains évoquent un ralentissement important de l’économie américaine quand d’autres parlent du fameux « atterrissage en douceur » ou même d’une « réaccélération ». L’inflation, sujet inflammable en ce moment en Europe, devrait pour les uns s’installer « à des niveaux plus élevés » tandis que les autres prévoient une désinflation voire une déflation.

Les avis divergent encore à propos de la FED. Elle procéderait à « un relâchement » de sa politique monétaire (une baisse des taux) ou appliquerait le principe du « higher for longer ». Au niveau des cours boursiers, soit ils augmentent soit ils chutent. Personne n’est d’accord mais à un moment donné, certains auront vu juste dans leur boule de cristal et d’autres devront réviser leurs jugements.

Le Japon est-il le grand gagnant ?

En fin connaisseur, Guy Wagner est catégorique : « je ne crois pas tellement à l’idée de l’atterrissage en douceur. La réalité pointe vers un risque de récession réel ». Il n’est pas non plus convaincu par la réaccélération, se demandant sur quels critères elle se baserait. « Pour moi, c’est une désinflation », soutient-il. « Si j’ai raison sur le premier point, on aura une baisse des taux de la FED à la fin de cette année », voire au début 2024. Elle pourrait les augmenter d’un quart de point. Il n’est pas exclu que la Banque centrale européenne marche sur ses platebandes. Là encore, rien n’est sûr. « Mon hypothèse, c’est que l’économie mondiale est trop fragile pour supporter une hausse des taux réels car l’endettement est élevé », prévient le spécialiste.

S’exprimant sur le fonds BL Global Flexible EUR pour lequel il fait preuve d’un certain optimisme, le CIO de Banque de Luxembourg Investments a rappelé qu’il investissait, entre autres, dans des sociétés du domaine de la consommation de base et du secteur de la santé. Il a comparé les évolutions des cours de l’américain Cisco et du suisse Nestlé depuis 2000 et a effectué le même exercice pour Nvidia. Un acteur majeur des technologies qui a actuellement le vent en poupe.

Le marché japonais peut être, selon lui, « un grand gagnant ». Là-bas, la gouvernance des entreprises est en train de changer. « Une fois que ça change, tout le monde va dans le même sens » , assure-t-il. Contrairement aux autres banques centrales, la BoJ n’a pas modifié ses taux. Peut-être une preuve de sagesse ? Quoi qu’il en soit, le Yen pourrait jouer un rôle plus positif sur le marché des monnaies. Sur l’or, Guy Wagner trouve qu’il est « étonnamment fort ». Sa résilience constatée cette année l’a impressionné. « Il y a toujours une corrélation très forte entre l’or et les taux américains à 10 ans ». Elle ne semble plus exister aujourd’hui.