« Leveraging Finance to Prevent & Combat Gender-based Violence », (tirer parti de la finance pour prévenir et combattre la violence sexiste – en français), tel était le titre de la conférence organisée jeudi 4 décembre par la Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI) et la Bourse de Luxembourg (LuxSE) dans les locaux de cette dernière. Elle s’est tenue à l’occasion de « l’Orange week », la campagne de sensibilisation à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Lors de cet événement, différents acteurs de la finance ont montré qu’ils jouaient un rôle dans la prévention et la lutte contre la violence sexiste.
Le Luxembourg n’est pas épargné par le phénomène. En témoignent les chiffres éloquents articulés par Octavie Dexant, la CEO d’AXA Luxembourg & AXA Wealth Europe lors de son intervention : « 83 % de la violence domestique est de la violence entre conjoints (intimate partner violence -IPV en anglais). 90 % des victimes sont des femmes ». Si on fait le calcul, cela veut dire que 75 % des victimes de violences domestiques sont des femmes. « Nous sommes donc bel et bien en train de surexposer les femmes à ce type de risque », souligne-t-elle. Dans tous les cas, le fait d’être une femme ne devrait pas constituer un risque.
En tant qu’assureur, AXA ne pouvait pas rester sans rien faire. « Nous pensons donc qu’il est de notre responsabilité d’agir dans ce domaine et je dirais que cette responsabilité est double. Nous avons une responsabilité en tant qu’assureur et notre tâche principale en tant qu’assureur est de gérer et de prévenir les risques », insiste Madame Dexant. Elle a présenté une nouvelle garantie contre les violence conjugales intégrée dans les contrats de ses clients depuis le 14 octobre 2025. Celle-ci inclut, entre autres, un hébergement d’urgence dans le cas d’un événement de violence domestique. Gratuite, elle contient également l’accès à une ligne téléphonique accessible 24h sur 24, 7 jours sur 7. « Nous ne sommes pas en train de remplacer la police mais nous sommes là quand il y a un espace pour agir pour les femmes », dit-elle. Et aussi pour les hommes qui peuvent subir les coups ou la manipulation de leur conjoint (e).
De son côté, Elodie Van de Woestyne, CSR Specialist à la Bourse de Luxembourg, rappelle que dans le monde, 640 millions de femmes ont fait face à la violence de leur partenaire. Le premier des facteurs, auquel on ne pense pas forcément, est le changement climatique. « Nous savons que 80 % des personnes déplacées par le changement climatique sont des femmes. Quand un événement climatique survient comme des inondations, nous voyons que la violence atteint un pic ». Elle cite un autre exemple, celui de l’Éthiopie qui a récemment connu de la sécheresse : cela amène les familles à vendre et à marier leurs filles pour le bétail ».
Investir dans les femmes mènerait à une hausse du PIB mondial
Longtemps considérée comme privée, la violence fondée sur le genre n’est pas seulement un problème lié aux droits humains. C’est aussi un problème économique. Cela coûte à peu près 2 % du PIB mondial et 366 milliards d’euros chaque année en Europe. Selon la spécialiste, ces coûts proviennent essentiellement des soins de santé, de la justice criminelle et de la perte de production économique. En outre, elle estime que la financement de l’égalité entre les femmes et les hommes peut aider à réduire ce coût dans le PIB.
D’après elle, la finance pour les femmes crée un « accès équitable aux services financiers pour les femmes ». Plusieurs types de produits peuvent être utilisés comme les fonds alternatifs et la dette publique. « Combler le fossé entre les deux sexes pourrait augmenter le PIB global de 12 trilliards de dollars ». Une somme qui donne le tournis. Pour Elodie Van de Woestyne, c’est clair : « si l’on investit dans les femmes et qu’on leur permet de s’émanciper financièrement, elles sont plus autonomes et plus en sécurité, ce qui entraîne une réduction de ce coût dans le PIB et un impact social et économique positif ».
Alors que Guillaume Jacques, Sustainable Finance Analyst at LuxSE s’est attardé sur les obligations et la finance basée sur le genre, Etienne de Belloy, Associate Director du Global Gender SmartFund chez Innpact Fund Management, German Martinez Gomez, Portfolio Management & Data Analytics chez Innpact Fund Management et Carmen Niethammer, Senior Gender Specialist à la Banque européenne d’investissement (BEI), ont montré quelques exemples d’actions menées par leurs structures respectives. Deux d’entre eux concernaient des initiatives pour les transports publics. La première à Barcelone. Et la seconde se focalisait sur le financement du métro et du nouveau réseau ferroviaire de banlieue à Bangalore, en Inde.
En savoir plus sur Ecorama Luxembourg
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.
