Afin de remédier à la pénurie de main-d’œuvre qui fragilise la performance et le dynamisme de l’économie, la Chambre de commerce a formulé 34 recommandations articulées autour de six orientations stratégiques. Elles serviraient à renforcer l’attractivité, le développement ainsi que la rétention des talents étrangers au Grand-Duché.

Les estimations de l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) sont formelles. D’ici 2040, 335.000 recrutements seront nécessaires, tous les secteurs confondus (180.000 serviront à remplacer les départs à la retraite et 155.000 seront destinés aux nouveaux postes à créer). Il y a donc urgence à trouver de nouveaux travailleurs. Car l’inversion de la pyramide des âges n’arrangera rien. Elle réduira progressivement le vivier de personnes disponibles alors que les besoins en main-d’œuvre s’intensifient. Et sans stratégie ambitieuse, le pays s’expose à un ralentissement continu de sa croissance.

Le marché du travail luxembourgeois compte beaucoup de salariés étrangers. En tout, 74 % des 490.165 salariés n’ont pas la nationalité luxembourgeoise. Près de la moitié d’entre eux sont des frontaliers (47 % soit 230.195 personnes au premier trimestre 2025). Et 55 % d’entre eux viennent de la France voisine, d’après le Statec. Avec un marché de l’emploi sous tension à cause de la pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs stratégiques (santé, défense, finance, TIC) et une pression de la fonction publique, le pays, qui ne manque pourtant pas de « sexytude », doit aussi faire face à la stratégie agressive de concurrents comme la Suisse, le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

Dans ce contexte compliqué, la Chambre de commerce (CC) ne pouvait pas les bras croisés. Son groupe de travail « Talents » a approfondi en 2024-2025 la réflexion lancée en 2022-2023 en s’appuyant sur la logique du « Candidate Journey ». Comprenez : l’attraction des talents jusqu’à leur intégration durable au sein du pays. Il est sorti de ses travaux 34 recommandations concrètes et 6 orientations stratégiques. Elles s’adressent aussi bien au gouvernement qu’aux entreprises, note Carlo Thelen, directeur de la Chambre de commerce.

Simplifier les démarches pour faciliter l’arrivée au pays

Deux d’entre elles attirent spécifiquement l’attention : la création du guichet unique et un programme pour les conjoints. Karin Scholtes, présidente du groupe de travail « Talents » de la Chambre de commerce, l’a affirmé : « le Luxembourg mérite d’être connu » et « considéré comme attractif ». Encore faut-il qu’il soit aisé d’y rentrer.

Arriver au pays de Dicks relève « du parcours du combattant pour un impatrié », dit-elle. Au moins 5 autorités sont impliquées dans le parcours administratif. La Chambre de commerce travaille actuellement avec le ministère de l’Économie sur la mise en place d’un guichet unique physique. Un « one-stop-shop » qui simplifierait l’attraction et l’intégration des talents. Il compléterait l’assistance virtuelle. Le projet sera présenté plus en détail en janvier 2026, a détaillé Muriel Morbé, directrice Talents&Skills.

Un salarié ne vient pas souvent seul dans un nouveau pays. Son ou sa conjoint (e) a aussi besoin d’aide. Le « spouse programme » accompagnerait et aiderait les partenaires de vie à s’insérer dans le pays et le marché du travail luxembourgeois. Ce programme est en cours de développement par la CC, la House of Training en collaboration avec le ministère de l’Économie, le ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil. Il combinera des actions telles que des formations ciblées, des séances de coaching ainsi que la possibilité pour les participants d’entrer en contact avec des entreprises locales. Le but étant de renforcer leur employabilité et augmenter les chances d’insertion sur le marché du travail. Mais surtout de faire du Luxembourg un « hub des talents » capable d’attirer, d’intégrer et de fidéliser les salariés dont le pays a besoin ».


En savoir plus sur Ecorama Luxembourg

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.