D’après la dernière édition du rapport sur la cohésion sociale du Statec, plus de 130.000 personnes faisaient face à la pauvreté et à l’exclusion sociale au Grand-Duché en 2024. De plus, près d’un cinquième de la population vivait avec un niveau de vie mensuel inférieur à 2.540 euros.

Hasard du calendrier, au lendemain de la prise de position de la Cour de justice de l’Union européenne sur le salaire minimum qui ne serait pas assez élevé pour vivre décemment, l’Institut national de la statistique (Statec) présentait ce mercredi l’édition 2025 de son rapport sur le travail et la cohésion sociale. L’un des faits saillants est la progression des conditions de vie malgré l’inflation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, le revenu disponible moyen des ménages luxembourgeois avoisinait les 7.700 euros par mois. Le niveau de vie moyen des personnes s’établissait à 4.900 euros. Le pouvoir d’achat s’est amélioré malgré la hausse des prix constatée en 2022 et 2023 et une « morosité économique ambiante ».

Le tableau n’est pas rose. Les écarts de revenus restent importants. Dans son exposé devant la presse, Guillaume Osier, chef de l’unité « Conditions de vie » du Statec expliquait que 20 % des personnes les plus riches disposaient d’un niveau de vie 4,7 fois supérieur à celui des 20 % les plus pauvres. Ce rapport atteint même les 10,9 lorsqu’on compare les 5 % les plus riches aux 5 % les plus pauvres. « Les inégalités persistent par rapport à 2021 » mais restent stables, a-t-il avancé.

Les statistiques mettent en lumière une autre réalité : le risque de pauvreté est bien présent au Luxembourg. Par ce terme, on entend la proportion de personnes dont le niveau de vie du ménage est inférieur de 60 % du niveau de vie médian de l’ensemble de la population. L’an passé, il s’élevait à 2.540 euros par mois et par personne contre 2.382 euros en 2023. Près d’un cinquième de la population luxembourgeoise (18,1%) vivait avec un niveau de vie inférieur à ce chiffre (en recul de 0,7 % en comparaison avec 2023).

Les moins de 18 ans demeurent les plus vulnérables

Quant au risque de taux de pauvreté persistante, il culmine à 6,1 %. Si on tient compte du « reste à vivre », c’est-à-dire les dépenses liées au logement (loyer, électricité) et d’autres comme les assurances et les services bancaires, il approche les 30 % (26,9%). À noter aussi que ces dépenses représentent en moyenne près de 30 % du revenu des ménages. Les trois quarts sont liés au logement.

Bien que le taux de risque de pauvreté ait légèrement baissé entre 2023 et 2024, 12,2 % des résidents demeuraient dans une situation de pauvreté au cours des deux dernières années, souligne le Statec dans le rapport. 6 % d’entre eux en sortent tandis que 3,2 % y rentrent.

Certaines catégories de la population, notamment les enfants de moins de 18 ans et les familles monoparentales sont plus vulnérables face à la pauvreté. « Près d’un tiers d’entre elles sont exposées », soulignait Guillaume Osier. « Plus généralement, on observe que les ménages avec enfants ont plus de risques » d’être dans la pauvreté, continue-t-il. Sont aussi concernées, les personnes de nationalité portugaise ou extra-européenne ainsi que les personnes ayant un faible niveau d’éducation.

L’an passé, en tout, quelque 130.000 personnes soit 20 % de la population qui étaient confrontées à la pauvreté ou à l’exclusion sociale. Cela inclut plusieurs paramètres : la pauvreté monétaire, la privation matérielle ou sociale sévère ou une  faible intensité de travail dans le ménage. D’ailleurs, « le risque de pauvreté monétaire pèse plus que la privation matérielle et le travail », remarquait le chef de l’unité « Conditions de vie ». Par ailleurs, 23 % des ménages luxembourgeois peinaient à boucler leurs fins de mois contre 22 % en 2023. La précarité énergétique, elle, touchait 4,1 % d’entre eux.

Si on compare avec nos voisins européens, le Grand-Duché était celui qui comptait la plus faible proportion de ménages en très grande précarité financière (2,2%). Les chiffres sont nettement plus élevés chez nos voisins français, belges et allemands : 7,8 % pour le premier, 6 % pour le second et 3,1 % pour le dernier.


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