La Chine a déclenché les hostilités face à la politique commerciale de Trump.

Par Ostrum (Natixis IM)

De la politique de droits de douane de Donald Trump, on attendait un peu plus d’inflation et c’est le cas même si ce n’est pas spectaculaire. Le prix des biens importés est 6.5% au-dessus de la tendance allant jusqu’à la mise en œuvre de la politique de Trump.

La situation économique américaine est robuste, mais comme le souligne Jason Furman, ancien conseiller de Barack Obama, l’IA y est pour beaucoup. Elle expliquerait 92% de la croissance du premier semestre. Sans elle, le PIB n’aurait augmenté que de 0.1%.

Cela paraît cohérent avec l’analyse de Mark Zandi, chef économiste de Moody’s, selon qui, la moitié des États américains seraient en récession. En fait, soit votre État est dopé à l’IA, soit il ne l’est pas.

L’économie américaine n’est probablement pas aussi robuste qu’imaginé. En se donnant les moyens de dire non à Washington, la réplique chinoise va bouleverser l’Amérique et ses perspectives d’activité.

En fin de semaine dernière, Pékin entendait contrôler les exportations de terres rares et dans le même temps, il a été décidé de faire la chasse aux importations, parfois sous le manteau, de puces américaines, notamment des semi-conducteurs de Nvidia.

La réponse de Trump avec des taxes à 100% au-dessus de celles existantes est une réponse d’impuissance, car les États-Unis ne peuvent se passer de nombreux produits chinois. On l’avait vu au printemps lorsque la taxe aux frontières de 145% avait été ramenée à 30% sous la pression des entreprises US.

Les pions qu’avancent les Chinois pénalisent l’industrie de la Tech et l’industrie militaire aux États-Unis. Ce qui est nouveau est la pénurie que cela peut provoquer outre-Atlantique.

Ce n’est plus une question de prix, mais de rupture de chaîne de valeur.

Ce n’est pas comparable et les conséquences sur l’industrie américaine pourraient être bien supérieures à la seule mise en place de droits de douane.

Pourquoi maintenant ?

Pékin avait jusqu’à présent une dépendance américaine à l’hélium. En 2022, la Chine était dépendante à près de 95% des importations d’hélium US. Or ce gaz a de très nombreuses vertus à tous les niveaux dans la chaîne de valeur technologique.

La Chine était prise au piège. Désormais, sa dépendance est inférieure à 5%, ce qui leur donne le pouvoir de dire non. La Chine gagne sur de nombreux plans en indépendance, semi-conducteurs, énergie, télécom… limitant la capacité de réaction de Washington.

L’Empire du milieu contrôle déjà une bonne partie des technologies de rupture (57 sur 64, selon le décompte cité par David Autor dans le NY Times du 14 juillet). Elle avance un pion supplémentaire puisqu’elle contraint les Américains à devoir faire autrement s’ils ne disposent plus d’autant de terres rares, un marché dominé aux 2/3 par la Chine.

Le piège se referme sur les États-Unis, mais le plus violent est encore à venir.


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