Lors du discours introductif de la première édition de la conférence de rentrée de la Chambre de commerce, qui avait pour thème « le coût de l’inaction », Carlo Thelen, son directeur, a adressé quelques messages au gouvernement et aux syndicats sur les sujets chauds du moment. Pour lui, il n’y a aucun doute : il faut faire évoluer le pays et le transformer.

La Chambre de commerce a fait sa rentrée ce mardi avec la première édition de son forum économique intitulé « It’s the economy, stupid ! ». Elle avait pour thème le coût de l’inaction ou « pourquoi il faut agir maintenant ». Ce titre n’a pas été choisi au hasard. Dans son discours d’introduction, Carlo Thelen ,le directeur de la Chambre de commerce (CC) a rappelé que cette phrase avait été prononcée par Bill Clinton lors de la campagne de l’élection présidentielle de 1992. « Il exprimait à l’époque, que la situation financière personnelle des électeurs était directement liée à l’économie ». Il cite l’emploi, la taxation, le pouvoir d’achat et l’inflation. Des thèmes, qui à l’époque, étaient « au cœur des préoccupations ».

Depuis le début des années 1990, le monde a fondamentalement changé. Cependant, « le développement économique reste toujours à la base de tout projet social et aussi le socle de la société », rappelle Carlo Thelen. Pour lui, « sans un fonctionnement sain de nos économies, tout est plus difficile ». Par cette phrase, il se réfère à une création d’emplois aux États-Unis qui s’affaiblit, une consommation interne en berne et des recettes fiscales devenues insuffisantes pour « couvrir les dépenses des appareils étatiques ».

La situation au Luxembourg n’est plus un conte de fées. Le tableau n’est plus aussi idyllique qu’avant. Pendant 30 ans, le pays a prospéré grâce à un « cercle vertueux », comme le qualifie le directeur de la CC. Ses composantes ? « Une économie dynamique, des finances publiques saines, une main-d’œuvre abondante et un modèle social généreux ». En résumé, un système dans lequel « croissance, emploi et solidarité se renforçaient mutuellement ». Entre 1990 et 2019, «le Grand-Duché a connu une croissance annuelle moyenne de 3,5% », rappelle-t-il. Après le Covid, le taux de croissance est redescendu à 1 %. « Et nous avons même connu des périodes de récession », pointe-t-il.

Un coût de l’inaction « caché, diffus et bien réel »

Le cercle vertueux ne tourne plus vraiment rond. La croissance est au plus bas depuis 30 ans, la productivité reste très élevée mais « elle stagne depuis des décennies ». Selon Carlo Thelen, « le modèle socio-économique luxembourgeois n’est plus durable sous sa forme actuelle ». « Nous devons faire repartir le cercle vertueux à travers l’innovation et le changement », appuie-t-il.

Un peu plus tard dans son intervention, il lance un appel clair : « si nous voulons préserver notre qualité de vie, notre modèle social, notre prospérité alors nous devons accepter de faire évoluer notre pays et le transformer ». Par ailleurs, sans une réforme, les systèmes de pension et de santé ne résisteraient pas « et certainement pas au niveau de la générosité actuelle surtout des pensions les plus élevées ». Un message adressé de manière indirecte aux syndicats et au gouvernement qui ne partagent pas le même point de vue sur cette question.

Le directeur de la Chambre de commerce est catégorique : « la vraie responsabilité, c’est oser agir ». Il compare le Luxembourg a une application mobile de laquelle on reçoit une notification lorsqu’une mise à jour est disponible. Le problème, c’est qu’on clique souvent sur « plus tard ». « Et ça, dit-il, c’est exactement ce que nous ne pouvons plus nous permettre de faire. Le moment est venu de cliquer sur la mise à jour maintenant ». Outre ce postulat, il se demande quel est le prix de l’inaction. Il est d’après lui, « caché, diffus et bien réel ». Il s’agit par exemple « du coût d’un modèle social qu’on ne pourra plus financer demain, faute d’actifs pour les soutenir ». Citant les transitions démographiques, écologiques et énergétiques, sujets de trois panels de discussion, il a affirmé qu’elles n’étaient ni locales, ni techniques, elles sont aussi systémiques, européennes et mondiales.


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