En amont de la conférence sur les défis de la santé et de la sécurité au travail à l’heure du changement climatique qui aura lieu ce mardi soir, la Chambre des salariés a présenté ses principales revendications qui visent à renforcer la protection des travailleurs face à ces nouveaux défis. Elle souhaite avoir une discussion sérieuse sur le sujet avec le gouvernement.
« Le changement climatique a des conséquences sur le lieu de travail. On ne peut pas l’ignorer. Il est urgent d’agir », a déclaré Nora Back, la présidente de la Chambre des salariés (CSL) ce mardi lors de la conférence de presse qui présentait les revendications de l’institution qui ont pour but de renforcer la protection des salariés face à ces nouveaux défis. Il faut dire que le contexte ne prête pas garder les yeux fermés. L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, d’après l’Agence européenne pour l’environnement. 2024 a été une année record au niveau des températures. En outre, depuis les années 80, le continent européen s’est réchauffé environ deux fois plus vite que la planète. L’Organisation internationale du travail (OIT) a identifié un certain nombre de risques importants (canicules et fortes chaleurs, rayonnement ultraviolets, froid intense, intempéries, pollution de l’air, maladies à transmission vectorielle et produits agrochimiques).
Les conséquences sont dramatiques. Avec des phénomènes météorologiques plus fréquents et intenses, la santé publique, la productivité ainsi que les infrastructures sont menacés, accentuant par la même occasion les inégalités dans les régions pauvres.
En ce qui concerne le Grand-Duché, la CSL ne manque pas d’idées. Outre la volonté d’en discuter sérieusement avec le gouvernement, elle lui demande de mettre en place de manière urgente un plan d’action national préventif. Il servirait à protéger les travailleurs des risques pour la santé liés à ces fameux changements, en garantissant des conditions de travail adaptées et des mesures de préventions efficaces. Dans le cadre de la transition écologique qui sert à atténuer le changement climatique, elle souhaite un élargissement de la directive européenne sur les agents cancérigènes et mutagènes à plus de situations et de substances et la réduction des limites d’exposition. Et cela dans le cadre de la généralisation des technologies vertes, comme dans l’exposition au cobalt, au nickel et au lithium dans la fabrication et le recyclage des batteries et moteurs électriques.
Une définition vague de la température par l’ITM
La Chambre des salariés a émis le souhait de voir les services de médecine du travail renforcer. Selon elle, il est nécessaire de mettre sur pied un service national unique. Géré par le Service de Santé au Travail Multisectoriel (SSTM), il garantirait l’indépendance vis-à-vis des employeurs et assurerait une prise en charge « réelle » des salariés. Elle imagine aussi l’instauration de systèmes de suivi et d’évaluation des risques climatiques sur les lieux de travail.
Au sujet de la canicule et des fortes chaleurs, la CSL veut la mise en place d’une réglementation européenne et nationale relative à la protection des salariés contre l’exposition professionnelle à la chaleur. Lors de la conférence de presse, David Büchel, conseiller à la direction, a annoncé que l’institution voudrait voir « les maladies liées à la chaleur reconnues comme des maladies professionnelles ». Il a critiqué au passage la recommandation de l’ITM sur le maintien des locaux de travail à « une température adéquate » accompagné d’une bonne ventilation.
Sur les risques des rayonnements UV, « nous exigeons une réglementation spécifique » couplée à des mesures de prévention. Elles passeraient par une distribution des vêtements à haute protection mais aussi par une sensibilisation des salariés sur le risque. Concernant le froid, la Chambre recommande, entre autres, de fournir des vêtements isolants et imperméables, adapter les horaires de travail et mettre à disposition des espaces de repos chauffés. Autre point important : elle demande une reconnaissance des accidents de trajet et une prise en charge des frais par l’AAA.
Au sujet des intempéries, elle revendique le fait de lier le droit de retrait aux alertes du gouvernement (GouvAlert). Les employeurs seraient tenus de respecter cet avertissement. Des plans d’urgence devraient être établis et mis en place. Ce qui n’est pas le cas dans toutes les entreprises, si on en croît Jean-Claude Reding, le vice-président de la CSL. Certaines firmes pourraient recourir à un régime de chômage dû aux intempéries, sous certaines conditions prévues par la loi.
A propos des maladies à transmission vectorielle (par un moustique, à titre d’exemple), elle souhaite que ces dernières soient inscrites dans le tableau des maladies professionnelles. Enfin, sur les produits chimiques, « il faudrait une formation accrue sur les risques liés » à ceux-ci et une meilleure distribution d’équipements de protection individuelle adaptés (gants, masques, lunettes, combinaisons), a souligné David Büchel .
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