L’économie luxembourgeois retrouve peu à peu ses couleurs. La reprise observée actuellement n’est pas encore vigoureuse. L’institut national de la statistique pense que la croissance dépassera les 2 % en 2025 et 2026.
Un optimisme prudent. Voilà l’état d’esprit des économistes du Statec lorsqu’il s’agit d’évoquer la conjoncture économique du pays. Vendredi, lors de la présentation de la seconde « Note de Conjoncture » de 2024 (la première pour Tom Haas, le tout jeune directeur), il était plutôt question de croissance « plus faible qu’attendue », selon Bastien Laure, chef de département. Envisagée à 1,5 % dans la première « Note de Conjoncture », elle « retombe » à 0,5 %. « L’activité est moins bonne qu’escomptée », annonce-t-il. Pour 2025, en revanche, on pourrait s’attendre à une belle éclaircie. Comprenez, une croissance à 2,5 % et de 2,4 % en 2026. L’économie luxembourgeois retrouverait un taux plus élevé. « On attend un renforcement de la consommation (ndlr des ménages qui ont pas mal épargné ces derniers temps), de l’investissement et de la demande extérieure », explique-t-il.
Du côté du marché du travail, l’emploi a continué à ralentir. L’institut national de la statistique table sur une progression de l’emploi d’un pourcent cette année. « C’est historiquement faible », dit M. Laure. Il s’agit même du chiffre le plus bas depuis 2009 alors qu’en zone euro, cette croissance dépasse la moyenne historique. La baisse de l’emploi dans le secteur de la construction plombe les résultats du Luxembourg. Elle pèserait beaucoup moins en 2025. Le Statec s’attend à une hausse de 1,4 % pour l’an prochain et de 2,2 % l’année d’après. Ces taux sont nettement inférieurs à la moyenne des 20 dernières années (près de 3%). Il existe, en outre, des incertitudes sur le « rebond » de l’emploi frontalier. Le ralentissement actuel pourrait être de nature conjoncturelle mais aussi structurelle.
Autre indicateur important : le taux de chômage. Calculé à 5,9 % à la fin novembre 2024 avec 18.625 demandeurs d’emplois résidents, il devrait, en fin de compte s’élever à 5,7 % pour toute l’année 2024. Il connaîtrait une progression à 5,9 % en 2025 avant de revenir à 5,7 % sous l’effet du renforcement du marché du travail.
Une indexation au 2e trimestre 2025 ?
Si l’inflation s’établit actuellement en dessous de 1 %, elle se renforcerait progressivement au cours de 2025. Et cela en raison de l’allègement des mesures de plafonnement des prix de l’énergie (präissdeckel). Elles ont été levées pour le gaz, affirme Gabriel Gomes, du service « Modélisations et prévisions ». Cependant, une hausse de 30 % de l’électricité est attendue au 1er janvier, comme l’avait annoncé Encevo. Elle participerait à une augmentation de l’inflation qui atteindrait les 2,1 %. La prochaine indexation des salaires interviendrait au 2e trimestre 2025. Et pour 2026, « on serait aussi autour du deuxième trimestre », prévient-il.
Qu’en est-il des finances publiques ? Au lendemain de l’adoption par les députés du budget 2025, le Statec s’attend plutôt à un « freinage ». Entendez par-là moins de recettes et de dépenses. L’adaptation des barèmes d’imposition, la baisse des ventes de carburants avec l’augmentation de la taxe CO2, le « ralentissement » des accises sur le tabac et un possible « retour à la normale » des soldes d’impôt sur les sociétés expliquent cette diminution des rentrées d’argent dans les caisses de l’Etat. Au niveau des dépenses, la masse salariale dans le secteur public devrait être moins importante. Le déficit passerait à -0,6 % du PIB en 2024 à -1,9 % en 2026.
A propos de l’énergie, le Statec pense que l’on assistera à un « recul » des ventes de carburants et des livraisons de mazout de près de 4 % pour l’un et de 12 % pour l’autre en 2024. Ces diminutions continueront en 2025 (4,5 % et 3,5%). Bien que la consommation d’énergie fossile recule, l’institut du boulevard du Jazz, compte sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre de près de 4,5 % en 2024 et de 5 % en 2025, plaçant les émissions en dessous de la trajectoire prévue par le plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC).
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