Devenu le sujet brûlant du moment grâce la concertation lancée par la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale Martine Deprez, la réforme des pensions ne doit pas attendre, d’après la Fondation Idea. Le laboratoire d’idées de la Chambre de Commerce estime que le financement des retraites est menacé. En guise de solution, il suggère une « touche » de constitution de réserve qui maintiendrait le système de répartition.

« On compte alimenter le débat sur les pensions », soutient Vincent Hein, directeur de la Fondation Idea. Devant la presse ce mercredi matin, l’équipe du think tank de la Chambre de commerce a dévoilé le contenu de deux études relatives à la problématique des pensions. « Mises en bouche » d’une série de quatre documents (voir encadré ci-dessous), elles répondent à une question centrale : « des réformes s’imposent-elles dans le domaine des pensions et le cas échéant à quel rythme ? ». Muriel Bouchet, ancien directeur, économiste spécialisé dans les finances publiques et membre du Conseil scientifique d’IDEA a travaillé sur cette interrogation.

Le régime général des pensions connaît encore aujourd’hui des excédents. Grâce principalement au fait que depuis les années 90, le PIB a été multiplié par 2,6, l’emploi par 2,5, le nombre de frontaliers par 6 et que la population a connu une progression de 65 %. Comme d’autres pays en Europe, le Luxembourg a adopté le modèle de la répartition. A savoir que ce sont les jeunes générations qui payent pour les plus anciens. Cependant, ce modèle risque de ne pas durer dans le temps. Les projections de l’Inspection générale de la Sécurité sociale (IGSS) ne fleurent pas l’optimisme. Quelque soit les scenarii envisagés, en 2027-2028, les pensions dépasseraient les cotisations. Pis, en 2040, le montant de la réserve de compensation tomberait en dessous des 1,5 fois le montant annuel des prestations pour s’épuiser au plus tard vers 2050. Muriel Bouchet dit avoir testé deux méthodes complémentaires qui aboutissent à des constats similaires. Pour lui, c’est clair : « il y a péril en la demeure dans le financement, une réforme s’impose ».

Attendre ou agir ?

Oui, mais quand et comment ? L’économiste met sur la table deux stratégies. La première étant le « pré-financement ». Elle consiste à ajuster rapidement les prestations dès la période 2025-2030. Et cela dans le but de maintenir les réserves au minimum légal de 1,5 fois. Cependant, il faut garder en tête que la baisse serait de 12 %. Renforcer les réserves alimentées par ce fameux pré-financement, accompagné par une « gestion dynamique » tout en veillant à maintenir de manière durable le niveau actuel de quatre fois les prestations est une piste pragmatique. D’une certaine manière, le pays imiterait la Norvège dont le « Government Pension Fund » représente 307 % du PIB.

Avec la deuxième dite « attentiste », « on agit à la dernière minute. On ne fait rien à court terme ». Et la réduction tourne autour des 30 % à l’horizon 2050. « On aimerait éviter ce scénario, appuie l’expert, on insiste sur le fait d’agir de manière anticipée » pour une seule raison : l’équité sociale. Lors de son intervention, l’économiste Jean-Baptiste Nivet, a insisté sur l’attachement du think tank au système de répartition. Une touche de « constitution de réserve » suffira-t-elle à le rendre pérenne ? Affaire à suivre…

Une suite en 2025

Après les deux premiers documents publiés en décembre 2024, la Fondation Idea en sortira un troisième en janvier 2025. Il s’agira d’un « inventaire d’arguments », souligne Jean-Baptiste Nivet. Il faudra encore patienter jusqu’au printemps pour connaître les différentes possibilités de réformes. «  Ce que nous produirons aura un impact dans le débat », ajoute-t-il.

 


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