La possibilité pour les investisseurs à long terme de profiter des opportunités de croissance offertes par le recyclage des batteries de véhicules électrique existe aujourd’hui, selon Adrian Daniel, gérant de portefeuille chez Mainfirst.
Les perspectives pour le marché du recyclage des batteries électriques sont positives. Le fondement de la croissance du secteur en Europe repose, d’après Adrian Daniel, gérant de portefeuille chez Mainfirst, sur le nouveau règlement européen sur les batteries (BattVO), adopté en juillet 2023. Il est «le premier texte législatif à adopter une approche basée sur l’ensemble du cycle de vie ». Il ajoute : « avec des réglementations relatives aux options de simple remplacement et à l’efficacité du recyclage, l’économie circulaire et donc les fournisseurs de services de recyclage de batteries seront renforcés ». Les dispositions prévues par l’ordonnance sur les véhicules hors d’usage et la loi sur les batteries stipulent déjà que les batteries usagées des véhicules électriques (appelées batteries industrielles) ne peuvent ni être mises en décharge, ni être incinérées.
Avec l’électrification croissante de l’industrie automobile, il est possible que la demande de capacité de recyclage «soit à la traîne à l’avenir », pense le gérant de portefeuille. La rareté de certaines matières premières, telles que le cobalt, le nickel ou le graphite, qui sont contenues dans les cellules des batteries, est également susceptible « d’accroître l’intérêt pour le recyclage des batteries à mesure que le marché se développe », ajoute-t-il.
Les faibles volumes de batteries provenant de la chaîne de valeur des voitures électriques restent actuellement un problème pour le fonctionnement économique des centres de recyclage. « Compte tenu de l’expérience acquise en matière de longévité des cellules de batteries, l’industrie du recyclage aura probablement besoin de quelques années supplémentaires pour être en mesure de faire appel à des centres traitant de gros volumes à l’échelle mondiale », continue-t-il. Pour lui, ce n’est pas sans raison si des entreprises telles qu’Aurubis n’entrent sur le marché qu’avec des installations pilotes.
Des prix de matières premières difficiles à prévoir
En Allemagne, les constructeurs de voitures électriques tels que Tesla, BMW, Volkswagen et Hyundai offrent généralement une garantie de 8 ans sur la batterie en liaison avec un certain kilométrage. Étant donné que la dégénérescence des cellules de la batterie indique actuellement que, dans la plupart des cas, au moins 80 % de la capacité de la batterie est encore disponible après 8 ans, des volumes de recyclage plus importants ne peuvent être envisagés qu’avec un décalage d’environ 10 ans. « Sur base des ventes historiques, on peut donc s’attendre à une augmentation soutenue de la demande à partir de 2027 », soutient Adrian Daniel. En 2017, le nombre de voitures électriques dans le monde s’élevait encore à 3,4 millions, d’après Statista, le portail allemand des statistiques.La flotte mondiale a déjà atteint 27,7 millions en 2022.
« Cependant, le focus régional de l’économie circulaire en termes de volume sera probablement la Chine , qui récemment vendait une voiture électrique sur deux à travers le monde », dit le spécialiste.L’année dernière, 6,5 millions de voitures dites électriques seront vendues rien qu’en Chine. BYD a réussi à déloger Tesla de la première place en termes de nombre de nouvelles ventes.
Outre les volumes, l’évolution des prix des matières premières pour les principaux produits de base doit être prise en compte lors de l’évaluation de la rentabilité future. Bien que les prix du lithium et des métaux lourds tels que le nickel, le cobalt et le manganèse devraient augmenter à long terme, ils sont très volatils et donc difficiles à prévoir.
Bien que le marché soit relativement récent, il est logique que les entreprises investissent tôt afin de bénéficier d’économies d’échelle. En raison de la structure des contrats de livraison à long terme de cellules de batteries pour les futurs modèles de voitures, il est important de nouer rapidement des partenariats pour le retour des batteries usagées. Un autre effet secondaire positif pourrait être la sécurité d’approvisionnement pour les fabricants de nouvelles cellules de batteries. Comme certaines matières premières sont susceptibles de rester rares à long terme, un certain quota de matériaux issus du recyclage réduira les risques liés à l’approvisionnement. Sur le plan commercial, une proportion élevée de matériaux recyclés devrait également avoir un impact positif sur les ventes de véhicules électriques.
Un degré élevé d’intégration verticale
En principe, la possibilité pour les investisseurs à long terme de profiter des opportunités de croissance offertes par le recyclage des batteries est déjà présente. De nombreuses entreprises de la chaîne de valeur des batteries investissent pour s’assurer qu’une partie de la création de valeur des cellules de batteries soit intégrée dans l’économie circulaire. A titre d’exemple, CATL, premier producteur mondial de cellules de batteries, n’a pas encore prévu d’usines de recyclage en Europe, mais est actif aux États-Unis avec son partenaire BRUNP. Au début de l’année, CATL a également annoncé son intention de dépenser 23,8 milliards de yuans (environ 3,2 milliards d’USD) pour agrandir son centre de recyclage à Foshan, dans le sud de la Chine.
Selon Adrian Daniel, les entreprises dotées d’une structure commerciale plus large pourront plus facilement faire face à la phase d’investissement, à condition que les autres unités génèrent des flux de trésorerie suffisants. Néanmoins, les entreprises d’électromobilité prospères montrent qu’il peut être avantageux d’être actif à plusieurs niveaux de la chaîne de valeur. Tesla, par exemple, a atteint un niveau très élevé de production interne de ses véhicules, jusqu’au système de gestion de la batterie et à la production de cellules. BYD présente également un degré élevé d’intégration verticale, avec sa propre production de cellules et même de puces. BYD prévoit par exemple d’utiliser les anciennes batteries des voitures électriques pour des systèmes de stockage stationnaires, bouclant ainsi le cycle.
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