Si 70 % des entreprises adoptaient une forme d’intelligence artificielle générative comme ChatGPT d’ici 2030, le PIB mondial accroîtrait de 1,2 % par an. Il y aurait aussi des conséquences pour l’environnement et la réglementation.

Dans un monde hyperconnecté, les données sont reines. L’intelligence artificielle générative (IA) aide, sans aucun doute, les différents secteurs de l’économie mondiale à relever les défis. « Son adoption par les entreprises déterminera leur réussite au cours de la décennie à venir », avancent Olivier de Berranger, Directeur Général Délégué et CIO et Rolando Grandi, CFA, Gérant d’Echiquier Artificial Intelligence – la Financière de l’Echiquier. Selon eux, la généralisation de l’IA générative ouvre aussi de nouveaux horizons pour les investisseurs. « Si 70 % des firmes en adoptaient une forme d’ici 2030, elle pourrait accroître le PIB mondial de 1,2 % par an », assurent-ils. A contrario, le S&P 500 serait en baisse de 2 % cette année sans la contribution de l’IA et des entreprises qui en bénéficient. De quoi laisser songeur. Paul Tudor Jones, gérant de fonds américain, cité par les deux spécialistes dans leur « édito du mois », affirme que «  le boom de productivité pour l’économie créé actuellement par l’IA n’a eu que peu d’équivalent au cours des 75 dernières années ».

Jusque-là, l’accélération de cette course à l’intelligence artificielle se traduit par l’envol en bourse d’entreprises comme NVIDIA. Le leader mondial des processeurs graphiques devrait doubler son chiffre d’affaire pour le segment des datacenters au cours du 4e trimestre 2023.

Les sociétés de semi-conducteurs sont clairement les premières grandes gagnantes de cette avancée technologique. Les clients se ruent sur les cartes graphiques pour développer de nouveaux algorithmes d’IA et tout le secteur en bénéficie.

Des codeurs plus performants

Aux États-Unis par exemple, le secteur des semi-conducteurs est en hausse de 32 % depuis le début de l’année 2023 contre 18 % pour celui des logiciels. Ces derniers pourraient également « sortir gagnants » de l’ère de l’IA générative, pense Anjali Bastianpillai, Senior Product Specialist chez Pictet Asset Management. « Celles qui ont réussi à l’intégrer dans leurs produits profitent d’un avantage concurrentiel majeur », souligne-t-elle. GitHub Copilot fourni par Microsoft est « le meilleur exemple actuel d’utilisation à grande échelle de l’IA dans les logiciels». D’après une étude de Microsoft, les développeurs codant avec cette solutions seraient plus productifs. Ils obtiendraient de meilleurs résultats et sont « 55 % plus rapides ».

Le secteur des logiciels de cybersécurité pourraient devoir s’adapter en vue d’utiliser l’IA générative « pour contrer des menaces potentielles liées à un code malveillant écrit par d’autres machines », prévient la spécialiste. A terme, elle sera cruciale pour protéger les données utilisées par les applications d’IA et garantir leur qualité.

Avec le développement croissant de l’IA, se pose la question de la consommation d’électricité. Ben Forster, analyste d’actions immobilier mondial chez Schroders estime que sur le marché américain, la consommation d’énergie des centres de données pourrait atteindre 35 gigawatts à l’horizon 2030 contre 17 en 2022. Les États-Unis représentent actuellement 40 % du marché mondial des centres de données. La consommation d’énergie future liée aux applications de l’IA pourrait passer d’environ 1GW en 2023 à 7 GW en 2026.

Une IA plus puissante mettra le réseau électrique sous tension

Cela représente tout de même un chiffre d’affaire potentiel de 12 milliards de dollars pour les opérateurs de centres de données et une croissance de 15 à 20 % par rapport à la capacité totale actuelle. Au fur et à mesure que ces datacenters hébergeront des unités de traitement avancées (GPU) plus puissants pour soutenir l’intelligence artificielle, les réseaux électriques seront soumis à une charge de plus en plus grande. Certains fournisseurs d’énergie prévoient déjà des quotas limitant la construction de nouvelles installations, ce qui rend celles déjà existantes d’autant plus précieuses. Une chose est certaine : les exploitants de centres de données doivent suivre de très près les questions environnementales et réglementaires.

Pour Ben Forster, les firmes qui ont une longueur d’avance en matière d’innovation pourront renforcer la croissance de leur chiffre d’affaires grâce à cette nouvelle vague d’application. Ceux qui possèdent d’ores et déjà les réseaux d’infrastructures numériques bien établis seront les mieux positionnés pour répondre à la demande explosive.

Malgré toutes les belles promesses qu’elle offre, l’IA générative n’est pas exempte de dangers. « La réglementation sera donc fondamentale pour l’essor et la diffusion de cette technologie », prévient Anjali Bastianpillai. La précision des données, la violation des droits d’auteur, le respect de la vie privée et la concentration du marché préoccupent déjà fortement les esprits. Dans certaines situations, « l’IA peut s’autodiscipliner ». Toutefois, il existe une véritable crainte liée aux conséquences potentielles de l’IA pour nos moyens de subsistance et aux menaces plus graves qu’elle pourrait faire peser sur la société, faute de contrôle. Réguler officiellement ces technologies est un sujet sur lequel les gouvernements et les entreprises travaillent activement. Un travail qui est loin d’être entièrement terminé.


En savoir plus sur Ecorama Luxembourg

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.